Jean-Marc Salvet/Le Soleil/Publié le 17 avril 2013 à 11h44 - (Québec) Pauline Marois propose de mettre sur pied une commission parlementaire particulière pour consulter les Québécois sur les suites à donner au rapport D'Amours concernant les régimes de retraite. Elle évoque le modèle de la commission parlementaire spéciale ayant porté sur la question de mourir dans la dignité, laquelle a parcouru le Québec pendant de nombreux mois.
La première ministre s'est engagée, mercredi, à l'Assemblée nationale, à donner suite au rapport du groupe d'experts mandaté par le gouvernement de Jean Charest, rapport dont elle a pris connaissance il y a quelque temps. Elle s'est exprimée avant qu'il soit rendu public. Elle a assuré que son gouvernement est à la tâche, qu'il met la dernière main à un projet de loi sur un régime volontaire d'épargne retraite. Mais elle n'a pu dire s'il sera déposé à la mi-mai, comme le réclame l'opposition libérale. Plus largement, sur l'ensemble des propositions du rapport D'Amours, Pauline Marois a appelé à la patience. Elle a mis l'accent sur la nécessité de consulter les citoyens.Elle a rappelé que le comité d'experts lui-même a mis 18 mois à exécuter ses travaux.
Sachant le dossier délicat - voire politiquement explosif -, elle souhaite que les partis «s'élèvent au-dessus de la partisanerie» afin de «trouver les voies de passage qui vont permettre de protéger la retraite de ceux qui ont contribué pendant toute leur vie à des régimes de retraite et ceux qui n'en ont pas, et qui doivent être mieux soutenus».
«C'est un sujet très complexe, a-t-elle dit. Je prends l'engagement que nous voulons travailler de concert avec tous les membres de l'Assemblée nationale. Mais il faut aussi entendre les gens, les représentants de la société civile pour s'assurer que les solutions qui sont proposées répondent aux besoins exprimés. Je veux qu'on le fasse ensemble. Parfois, c'est un peu plus long, mais les solutions sont meilleures.»
Le président du comité, Alban D'Amours, a accepté de faire une tournée du Québec en mai pour expliquer son rapport à la population. Mercredi, le ministre Sylvain Gaudreault a aussi fait connaître son intention de donner rapidement des «outils supplémentaires» aux municipalités dans le dossier des régimes de retraite.
Le leader parlementaire libéral Jean-Marc Fournier a plaidé la nécessité et l'urgence d'agir. «Quelques constats doivent être rappelés : d'abord le problème de solvabilité des régimes à prestations déterminées en raison des rendements plus bas que prévu et du vieillissement de la population. Il y a aussi le fait que deux millions de Québécois n'ont pas d'outils collectifs d'épargne retraite. Le gouvernement ne doit pas, le gouvernement ne peut pas destiner ce rapport aux tablettes des moratoires.»
La Commission sur la question de mourir dans la dignité «est un très bel exemple de ce que nous pouvons faire en commun», a soutenu Pauline Marois.
Cette commission a sillonné le Québec durant de nombreux mois. Ses travaux se sont étirés sur deux ans - jusqu'en mars 2012, en fait. Un projet de loi ad hoc porté par la ministre Véronique Hivon devrait finalement être déposé d'ici la fin du printemps.
À la Coalition avenir Québec (CAQ), le député Christian Dubé a plaidé pour une action rapide pour «stopper dans les plus brefs délais l'hémorragie qui affecte le système de retraite québécois».
Le député solidaire Amir Khadir s'inquiète aussi du temps que semble vouloir se donner le gouvernement. «Il est possible d'agir rapidement pour améliorer le revenu de retraite des plus pauvres et de la classe moyenne», a-t-il commenté.