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La Maison Michel-Sarrazin demeure imperturbable devant la vague d'appuis à l'aide médicale à mourir qui ne semble pas diminuer

15/10/2013 09:45

La maison de soins palliatifs de Québec n'offrira pas ce service même si le projet de loi 52 pour permettre d'abréger la vie de mourants est adopté par l'Assemblée nationale.

«Tranquillement, le glissement va s'opérer. Ça plaît plus à l'esprit de choisir le moment de sa mort, d'éviter les souffrances, de considérer que l'agonie est un temps futile, alors que l'agonie est un temps de préparation au deuil», a avancé le Dr L'Heureux. En plus d'être futiles, certains pourraient dire que les soins palliatifs sont même «cruels» étant donné qu'un nombre restreint de mourants souffriront malgré tout l'arsenal de médicaments pour apaiser la douleur.

Le directeur général de la Maison Michel-Sarrazin croit que la tentation sera forte d'imposer l'aide médicale à mourir dans les maisons de soins palliatifs récalcitrantes par une réduction ou une limitation de l'aide gouvernementale pour leur fonctionnement. Les propos des députés entendus à la commission parlementaire allaient toutefois dans le sens contraire. Ils n'ont cependant pas dissipé toutes les inquiétudes compte tenu des pressions qui pourraient venir de groupes partisans de l'aide médicale à mourir. De plus, on craint que des donateurs privés puissent demander que leur maison de soins palliatifs soit plus ouverte à l'euthanasie.

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Euthanasie : les critères trop flous, dit un médecin

Alors que la mesure devait être exceptionnelle à ses débuts, l'euthanasie est maintenant davantage pratiquée en Belgique, plus de dix ans après sa légalisation.

«On nous a dit qu'il y aurait une croissance lente des cas d'euthanasie au Québec avec l'aide médicale à mourir, que ce serait des cas exceptionnels à l'image de la Belgique. Or, ces dernières années, on a noté des augmentations de 17 et 26 % par année en Belgique. Ce n'est plus une croissance lente. Ce n'est plus des cas exceptionnels. Ça double à tous les quatre ans», a soutenu le Dr Michel L'Heureux.

Hausse de l'utilisation

Selon des données qu'il a obtenues, il y aurait eu 1432 euthanasies en Belgique en 2012 comparativement à 495 en 2007 et 235 en 2003. Ces chiffres sont inclus dans le mémoire de la Maison Michel-Sarrazin présenté en commission parlementaire.

«Au début, c'était pour les cas en phase terminale. Là, on est rendu que des gens qui anticipent des souffrances ou qui sont âgés et qui disent que leur vie est accomplie peuvent obtenir l'euthanasie. On appelle ça une dérive. Les critères sont trop flous. En plus, les personnes chargées d'appliquer la loi en Belgique sont des militants de l'euthanasie», a soutenu le Dr L'Heureux.

Il craint que cette même dérive se produise au Québec compte tenu des critères flous et sujets à interprétation contenus dans le projet de loi 52. Sans cautionner l'aide médicale à mourir, la Maison Michel-Sarrazin recommande de dissocier les soins palliatifs de l'euthanasie. On demande également de resserrer les critères d'accès à l'aide médicale à mourir.

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Projet d'agrandissement de 4 millions $

La Maison Michel-Sarrazin prévoit agrandir ses installations d'ici la fin de 2015 ou le début de 2016. Le coût du projet est évalué sommairement à 4 millions $. «On veut accroître notre rôle pour soutenir ceux qui font des soins à domicile. L'avenir est pour les soins palliatifs à domicile. On ne veut pas grossir pour grossir. On aura un lit de plus pour du répit et de la gestion des symptômes. On est en train de travailler nos plans», a-t-il indiqué. La réalisation du projet est en lien avec la campagne de financement qui vise à amasser 25 millions $ sur cinq ans. Cette campagne servira principalement à couvrir les frais de fonctionnement de la Maison qui peut aussi compter sur l'aide de nombreux bénévoles. La campagne est présidée par le président de l'Industrielle Alliance, Yvon Charest.

La dernière piqûre

Il est faux de prétendre qu'une piqûre de morphine entraîne la mort dans un épisode de soins palliatifs. «Beaucoup de gens pensent que quand on est rendu à la morphine, on fait mourir la personne plus vite. C'est faux. C'est un mythe de dire que la morphine fait mourir», a affirmé le Dr Michel L'Heureux. «On peut toujours faire une association entre un moment d'une injection prévue dans l'horaire des médicaments et le décès survenu dans les minutes suivantes, ce n'est pas l'injection qui l'a causée, c'est la mort naturelle. Ça peut arriver dans certains cas s'il y a eu surdosage. Les erreurs, ça peut exister, mais l'intention n'était pas de provoquer le décès», a-t-il ajouté.


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