Aujourd'hui on attend que le Senat Belge aille élargir la loi pour inclure les enfants et les jeunes selon les critères suivantes : souffrance physique intolérable avec l'accord des parents, sans limite d'âge et si le décès est susceptible d'intervenir à brève échéance. Aux Pays-Bas le protocole Groningen est suivi depuis 2005 (3 ans après l'adoption de la loi) et autorise l'euthanasie des enfants. Le projet de loi 52 sur l'euthanasie au Québec propose une législation qui ressemble à celle des Pays Bas et de la Belgique adoptée en 2002.
Le Dr Richard Haber, pédiatre et professeur associé à l'hôpital de Montréal pour enfants a publié en octobre 2010 « Paediatric Euthanasia, Let's not go Dutch ». Il décrit trois groupes d'enfants qui pourraient être des candidats à l'euthanasie en accord avec le protocole Groningen aux Pays Bas tel qu'on le pratique depuis 2005 et qui ressemble la loi Belge :
- Les nourrissons « sans aucune chance de survie », par exemple l'hypoplasie du cœur, du poumon avec ou sans sous-développement rénal ;
- Les nourrissons atteints d'un « mauvais pronostic » ; et,
- Les nourrissons atteints d'un « pronostic sans espoir » qui, selon leurs parents et les médecins, vivent avec une souffrance insupportable.
Selon Dr Haber, la définition de « mauvaise qualité de vie » est très subjective. Il est clair que pour des personnes handicapées, la conception d'une mauvaise qualité de vie est tout à fait différente de celle attribuée par ceux qui n'ont pas d'incapacité.
Les nourrissons atteints de spina bifida sont souvent euthanasiés à cause « d'un mauvais pronostic, une mauvaise qualité de vie et/ou une souffrance insupportable ». Selon Dr Haber le spina-bifida est susceptible d'être corrigé par la chirurgie et les handicaps peuvent répondre au traitement. Dans sa pratique il suit un enfant, maintenant d'âge scolaire, dont le spina-bifida a été corrigé et malgré des incapacités résiduelles, il mène une vie heureuse et il est inscrit dans une école normale. Dr Haber suit plusieurs enfants et adolescents atteints de trisomie 21 qui, malgré leurs handicaps importants, ont apporté beaucoup de joie à leurs familles et à leurs amis. Certains d'entre eux profitent d'une qualité de vie exceptionnelle. Selon Dr Haber, si le projet de la loi 52 est accepté au Québec, dans quelques années la porte va ouvrir pour euthanasier des enfants.
Est-ce que l'histoire du programme d'euthanasie des enfants par les nazis pendant les années 1930 peut nous apporter des leçons importantes pour la pratique des médecins et des décideurs de la santé au 21e siècle? Selon Dr Lee Hudson dans son article publié dans le Journal of Pediatrics and Child Health en octobre 2011 « From small beginnings: The euthanasia of children with disabilities in Nazi Germany », entre 5000 et 8000 enfants handicapés physiques et intellectuels ont été tués dans l'Allemagne nazie en vertu d'un programme d'euthanasie. Peu après le programme s'est élargi pour inclure les adultes handicapés et, finalement le plus vaste programme de l'Holocauste. Le programme a impliqué le personnel médical, y compris des pédiatres.
Au procès de Nuremberg, le psychiatre américain Dr Leo Alexander a donné son expertise médical qui a été publié dans l'édition du 14 juillet 1949 du prestigieux New England Journal of Medicine. Il a rappelé que dans l'État nazi, des crimes et atrocités ont commencé « from small beginnings » (petit à petit). La remise en question de la valeur de la vie chez certains individus a autorisé des médecins à tuer des enfants gravement handicapés. Suivant la stratégie de la goutte d'eau, après avoir rendu acceptable cette réalité, l'État a élargi l'application du programme aux enfants handicapés plus âgés, aux adultes malades, aux citoyens socialement improductifs, et finalement à tous ceux que les autorités considéraient comme des adversaires du régime.
Selon Dr Paul Saba, « Nous sommes en face d'un projet de loi au Québec avec des critères très louches - plus louches même que les lois adoptées aux Pays Bas et en Belgique en 2002. Le Québec va devenir un bar ouvert à l'euthanasie. Déjà, le projet de loi 52 au Québec propose une législation avec très peu d'encadrement. La limite de temps de la « fin de vie » n'est pas définie : 3 jours, 3 semaines, 3 mois, 6 mois, 6 ans, 20 ans? Le pronostic de la fatalité d'une maladie et la durée de la vie sont souvent difficilement prévisibles. De plus l'appréciation de la souffrance physique et mentale dépend de nombreux facteurs qui ne sont pas tous reliés à la maladie.
Les Québécois ne veulent pas des médecins qui tuent les patients mais plutôt des médecins qui prodiguent des soins de qualité de la naissance jusqu'à la vieillesse. Le projet de loi 52 va entamer des décès des adultes et éventuellement des enfants qui ne doivent pas mourir.
Dr Paul Saba raconte une histoire personnel dans le Vidéo: Case Against Euthanasia for Children - Dr Paul Saba - A Personal Story
VIDEO Link: https://youtu.be/n1Ib4NHOims or available at https://CoalitionMD.org
SOURCE Coalition des médecins pour la justice sociale
Conférence des Tables régionales de concertation des aînés du Québec