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Aptitude au vote: les CHSLD devant un dilemme

30/08/2012 09:18

Source: LA PRESSE.ca / le 30 août 2012 / 05:00 / Québec

 

Théoriquement, la règle est claire: toute personne en mesure de s'identifier et qui n'est pas sous curatelle a le droit de voter. Mais en pratique, ce n'est pas si simple pour le personnel des centres d'hébergement, surtout quand vient de temps de se demander s'ils doivent ou non cogner à la porte d'un résidant qui n'a plus toute sa tête pour lui demander de voter. Certains y voient une responsabilité qu'ils n'ont pas à assumer.


Le Soleil a appelé hier dans une dizaine de centres d'hébergement de la région pour constater que les pratiques varient énormément d'une institution à l'autre.
Dans deux établissements, des résidents auraient voté sans avoir la capacité de le faire, ce qui s'ajoute aux nombreuses allégations qui ont suscité beaucoup de réactions sur Twitter en début de semaine. C'est le cas au CHSLD Domaine Saint-Dominique. «À l'exception de deux personnes, la plupart des gens étaient cognitivement capables de voter» lors du vote par anticipation tenu plus tôt cette semaine, relate la directrice de l'hébergement Hélène Bélanger. Si ces deux personnes en «perte cognitive avancée» on pu voter, c'est parce qu'elle ou leur famille en ont fait la demande.


C'est le personnel du centre qui veille à la mise à jour de la liste électorale pour ses résidents, en collaboration avec les familles, et qui les assiste le jour où les scrutateurs passent à l'institution. «On connaît quand même notre monde. Il y a des gens qui n'ont pas demandé a voter. Il y en a qu'on savait qu'ils ne sont pas aptes et on n'a pas insisté.» Or, la question est délicate admet-elle. «Est-ce je brime le droit de vote?»


Mais d'un autre côté, un résidant ou sa famille a beau demander de voter, ça ne vaut pas dire qu'il a la capacité de le faire. «Est-ce qu'il va voter pour le premier, quatrième ou cinquième sur la liste sans être capable de lire?» demande Mme Bélanger. «Il y a des gens qui ne sont pas sous curatelle, mais qui ne sont pas là [mentalement]!» lance-t-elle.


Manque de règles
Mme Bélanger croit que les règles en place ne suffisent pas pour baliser ces dilemmes. «Ce n'est vraiment pas clair. Il n'y a rien d'écrit pour les personnes qui ne sont cognitivement plus là. C'est laissé à notre jugement [mais] est-ce que ça revient à nous? [...] Moi je trouve ça difficile.»


Au Centre d'hébergement Le Faubourg, un infirmière qui a préféré ne pas se nommer a confié au Soleil qu'elle doutait fortement de la capacité de quelques résidents de comprendre ce qui s'est passé lorsqu'ils ont voté, notamment en raison de démences.


Si certains établissements s'en remettent aux résidents et à leurs familles, plusieurs autres dressent eux-mêmes une liste de leurs pensionnaires qu'ils considèrent aptes à voter. Au Centre hospitalier Saint-François, c'est la direction qui dresse cette liste pour s'assurer que ceux qui votent «soient dans la capacité de le faire», explique le directeur des soins Jean Lortie. «On veut s'assurer que tous leurs droits soient respectés. Le droit de vote en est un, mais on doit le faire de façon éclairée.»


Le directeur général des élections entend réfléchir à la question après la présente campagne électorale. Mais l'Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec met en garde contre «un remède [qui] serait clairement plus nocif que le mal», en restreignant le droit fondamental de voter pour éliminer quelques cas de choix non éclairés.

 

 

 

 

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